Le mardi 25 octobre dernier, la nouvelle maison de Radio-Canada ouvrait ses portes aux médias afin de les convier au lancement de la programmation 2022-2023 d’ICI TOU.TV. Entre 9 h 50 et 11 h 45, les têtes d’affiche des séries que nous pourrons suivre cette année s’entretenaient avec nulle autre que Véronique Cloutier, l’animatrice et femme derrière la section la plus connue de l’Extra, soit VÉRO.TV. L’événement s’est déroulé dans une ambiance conviviale, chaleureuse et encline aux échanges décontractés, mais informatifs. Par la suite, nous sommes descendus à l’atrium pour y faire des interviews individuelles. Parmi la cinquantaine de personnalités publiques présentes, nous avons eu l’honneur de discuter avec Laurent Duvernay-Tardif qui, dans un docu-réalité intitulé Du pain sur la planche !, sort de sa zone de confort en prenant la relève de la boulangerie de ses parents, Le pain dans les voiles. Nous avons également pu nous entretenir avec Guillaume Lambert du rôle qu’il occupe dans Bébéatrice, avec Cynthia Wu-Maheux de Vidanges, son nouveau projet web, ainsi qu’avec Fanny Mallette et Rémi-Pierre Paquin de leurs personnages dans Sandy, le plus récent concept d’Alex Pelletier, un réalisateur d’exception. Nous avons fini ce tour de table par Jean-Moïse Martin qui nous a confié admirer la plume de Simon Boulerice, l’auteur de plusieurs œuvres, dont Martine à la plage, une série dans laquelle il tiendra un rôle phare.
Q1 : Qu’est-ce qui t’a convaincu(e) de prendre part à ce projet ?
Q2 : Au niveau des tournages, où résidait ton plus grand défi ?
Q3 : Dans tout ce que cette série t’a amené à faire, quel élément te passionne le plus ?
Q4 : Que pouvons-nous te souhaiter pour la suite, y a-t-il d’autres contrats qui s’en viennent pour toi ?
Laurent Duvernay-Tardif

A1: Mes plus grandes aspirations, à la base pour moi, c’est de communiquer ce que mes parents font depuis quinze ans. Mes parents ont planté des champs, en fait, ils ont travaillé avec des agriculteurs pour planter du blé, pour faire le meilleur pain possible, mais ils ne l’ont jamais dit à personne. Moi, j’arrive là-dedans. Le but, c’est vraiment de prendre le flambeau familial, c’est de ne pas décevoir mes parents.
Q : Justement, quel a été ton plus grand défi lié au fait de reprendre l’entreprise ?
A : Tout ! De la gestion des ressources humaines à l’ampleur du projet. Juste à la boulangerie de Montréal, on a une quarantaine d’employés. On dirait que je prends beaucoup les choses de manière personnelle. Je veux qu’ils soient bien, que les gens soient entendus et compris. En même temps, il y a seulement un certain nombre d’heures dans une journée, donc il faut apprendre à gérer avec ça.
A4: D’être heureux, j’imagine, trouver une espèce d’équilibre. Je pense qu’en ce qui concerne le football, il en reste moins qu’il en restait. Trouver quelle sera la balance entre la médecine et les autres projets pour les 5 prochaines années, ça va être ça le défi.
Guillaume Lambert

A1: Mon dieu, c’est une bonne question… ça y va fort MTL PRESSE ! C’est juste tellement le fun de faire Bébéatrice. Guy a pensé à moi pour interpréter son propre fils, donc je suis touché puis maintenant j’écris quelques petits sketchs là-dessus aussi, donc c’est vraiment une super belle expérience d’équipe. J’ai déjà eu tout ce que je voulais sur ce show-là (rires). C’est déjà tellement un honneur de faire partie de cette équipe-là que je ne pourrais pas demander mieux.
A2 : Ne pas rire quand Guy fait semblant de tomber.
A3 : C’est nouveau pour moi l’animation, je n’en avais pas fait beaucoup auparavant. C’est un média que je découvre puis c’est vraiment intéressant, parce qu’on fait les voix avant que les dessins soient faits. Les dessins sont donc vraiment créés à partir de notre interprétation, alors plus les années avancent, plus les dessins bougent comme nous, on bouge. C’est vraiment le fun en fait de voir tout le travail. C’est la voix qui prend le moins de temps, les dessins, ça prend tellement de temps. On voit que c’est une équipe qui travaille tellement fort. C’est super le fun à voir, l’envers du décor.
A4: En dehors de Bébéatrice, j’en ai plein. Là, j’ai sorti Niagara, un film qui va être sur le Club Illico. Récemment, j’ai sorti un roman qui s’appelle Eschatologie chez Leméac. Je termine les tournages de l’ultime saison de L’échappée et je poursuis les tournages de la saison 2 de La Confrérie.
Cynthia Wu-Maheux

A1: Écoute, c’est vraiment, mais vraiment excitant. C’est une belle équipe à découvrir et une web-série, ça aussi, c’est complètement une autre dynamique.
Q : Justement, comment perçois-tu les web-séries ?
A : C’est formidable ! Ce sont des projets qui sont parfois moins longs dans le temps, mais à la fois tellement réfléchis. Les nouveaux médias, les médias sociaux, les nouvelles plateformes, je pense que c’est vraiment important à développer, puisqu’on s’en va de plus en plus par là. Tu sais, on traîne un téléphone partout, un ordinateur même. Je pense donc que c’est vraiment important de créer les nouveaux réflexes, parce que c’est un support qu’on traîne dans les transports, dans tout. Ça rend la culture plus accessible. Ça amène à muscler, à développer, l’art, les règles et protections pour les artistes puis, tranquillement, c’est sûr que tout est à repenser. Là, on défriche puis après on va mieux structurer parce que ça reste encore, il y a un inconnu face à ça. C’est important de poser les premières pierres solidement.
A2 : C’est une bonne question (rires). Dans les défis, il y a une scène où les personnages se tiraillaient un petit peu, donc c’était le fun à placer. C’est à la fois super technique aussi, les scènes un peu plus violentes, mais de résistance. Il y a quelque chose là-dedans qui implique de mettre tout le monde en sécurité puis après ça de se lâcher lousse, faire « n’aie pas peur ». Le gros fun partait à chaque prise.
A3 : Dans tout ça, je crois que c’est le concept des réflexions. C’est tellement d’actualité, puis justement, avec les gros statements qui viennent d’être faits aussi sur l’écologie face à l’art, c’est un peu des attentats terroristes aussi sur l’écologie qui se passent dans cette série-là. Je trouve ça vraiment important, puis en même temps, mon personnage Pascale travaille à la mairie. Elle n’embrasse pas la cause, de faire « Je pense que les règles doivent servir à protéger », mais il y a une démocratie ainsi qu’une protection de tous les citoyens. Veut, veut pas, une société c’est complexe. Il y a plusieurs classes sociales, puis tout le monde doit être protégé, c’est ce qui est dur parfois : amener tout le monde à avancer en même temps. Voir chaque personnage aussi, comment s’en sortent-ils puis comment tirent-ils la couverture de leur côté ? C’est vraiment intéressant. Après, tu te demandes dans quel camp tu serais, quel serait ton réflexe.
Q : Ça t’amène à te questionner sur toi-même…
A : Ouais, vraiment ! Puis, en même temps, il y a quelque chose qui y n’est pas… Il y a tellement d’écoanxiété que cette série ouvre ce sujet-là, mais ne va pas là. Les autrices sortent de l’école de l’humour, elles avaient justement fait un numéro là-dessus, puis le réalisateur a fait : « C’est extraordinaire, faisons-en une web-série ». Il y a donc beaucoup d’humour, beaucoup de réflexions, puis beaucoup d’axes aussi, des points de vue différents. Cependant, nous mettons également en lumière les possibilités de comment avancer dans la direction sans mettre un poids psychologique supplémentaire. Soyons actifs, et non paralysés par la peur. Ensemble, surtout.
Q : Exactement ! Pas chacun de notre côté, sinon on n’avancera pas…
A : C’est ça, mais c’est tough. Je suis en train de lire un livre qui s’appelle Comment vivre avec notre ennemi, si je le dis en traduction française, mais le livre est en anglais, c’est une psychanalyste, je pense, qui l’a écrit. C’est tellement opportun, puisque nous serons amenés, avec les crises climatiques et les guerres, à avoir de moins en moins de territoire pour toute la planète. Il y a donc ça aussi, il va falloir apprendre à vivre ensemble. Mieux, mais pas dans la peur.
A4: On va se souhaiter une deuxième saison de voir jusqu’où ça peut dégénérer (rires) !
Fanny Mallette

A1:Ce qui m’a convaincue, c’est le texte. Moi, c’est toujours le texte. Le texte est vraiment très bien écrit puis c’était seulement la deuxième série web à laquelle je participais et j’ai adoré ça. Vraiment.
Q : Justement, est-ce un plus grand défi pour toi de jouer pour le web ou la télévision ?
A : Honnêtement, dans le travail, il n’y a pas de différence… à part le budget (rires). On est vraiment moins payés en web, mais peut-être que ça crée justement plus d’esprit d’équipe. J’ai aussi l’impression que je peux participer un petit peu plus, tandis qu’en série télé ou au cinéma il y a une grosse équipe, alors j’ai moins de liberté. Par exemple, si je veux changer un accessoire de place il faut que je demande la permission, puisque chacun a sa tâche. Là, quand c’est de plus petites équipes, on dirait qu’il y a un esprit de famille. Ça, j’adore ça. J’aime vraiment ça. On n’a pas de loge pour se changer, on se change dans les toilettes. On met tout notre stock quelque part, j’aime ça, moi. Surtout que c’était plus des jeunes aussi sur ce tournage. En tout cas, à la réalisation du moins et l’équipe technique. Moi, j’ai besoin de travailler avec des jeunes, parce que ça me pousse à m’améliorer. J’ai besoin d’apprendre ce qui se passe en ce moment. Ils arrivent avec leurs idées à eux, puis leur façon de travailler. Quitte à me répéter, j’adore ça (rires). Aussi, il y a moins de hiérarchie, tout le monde est traité sur le même pied d’égalité.
A2 : Mon plus grand défi, c’était le Sand art. Comme on le voit sur la bande-annonce, il faut que je fasse des dessins dans le sable puis mon personnage doit participer à une émission que Rémi-Pierre Paquin, son personnage, anime. C’est comme un talk-show, puis là, il fallait que mon personnage soit un petit peu extraverti. Tout à coup, elle était différente. Moi, je suis gênée dans la vie, mais il fallait que je fasse celle qui n’était plus gênée et qui riait trop fort puis qui faisait des blagues. Ça, j’étais nerveuse. Jouer ce personnage, à l’inverse de ma personnalité, m’a demandé du travail, mais ça s’est bien passé.
A3 : Mon personnage, parce que je ne fais pas souvent ces personnages-là. Je fais souvent des personnages qui vivent des choses difficiles, puis je pleure. Je joue généralement dans des drames, tandis que là, il y a quand même une tension à un moment donné. Il y a quelque chose qui se passe dans sa vie, où il faut qu’elle prenne des décisions difficiles, mais c’est léger quand même. Il y a même de l’humour, je souriais beaucoup. Ça, ça m’a fait du bien. C’est beaucoup pour ça aussi que j’ai accepté de prendre part à ce tournage-là.
A4: Oui, je travaille en ce moment. Je suis en tournage sur une série jeunesse qui s’appelle Le Pacte, mais là, j’aimerais faire du cinéma. Je m’ennuie du cinéma. Ce serait mon prochain objectif, jouer dans un nouveau film.
Rémi-Pierre Paquin

A1: Premièrement, travailler avec Alex Pelletier, le réalisateur. Deuxièmement, c’est un rôle que, quand j’ai lu le texte, je ne suis pas habitué de faire. Un espèce de gars, ce n’est pas qu’on ne l’aime pas, mais qu’on déteste. Tu l’aimes peut-être au début, mais un moment donné, tu te rends compte que tu ne l’aimeras pas tout le long.
A2 : Essayer de mettre des indices au début. Avant qu’on sache que c’est un trou-de-cul, essayer de mettre en place de petites affaires afin de faire douter les gens sur son niveau de gentillesse.
A3 : Aborder la vague #MeToo, c’est quand même collé sur l’actualité. C’est rare parfois qu’on fait des trucs qui sont si UpToDate, vraiment ancrés dans l’actualité, donc ça c’est le fun.
A4: J’ai de plus en plus le goût de tourner, alors s’il y a d’autres rôles, j’en serai bien content.
Jean-Moïse Martin

A1: À la base, c’est Simon Boulerice. Je le connaissais un petit peu et j’aimais beaucoup son écriture, donc c’est sûr que j’allais dire oui. Quand j’ai lu le scénario, ça allait de soi. C’est vraiment très très bon.
A2 : Je ne sais pas. On dirait que ça s’est fait tellement facilement, il y avait une grande fluidité, qu’il n’y en a pas eu. On était une petite famille, une petite équipe de tournage, mais c’était peut-être de jouer avec des enfants. Ma fille est plus jeune, Martine aussi, mais il n’y a eu aucun problème, au contraire. Ça n’a été que du plaisir.
A3 : C’est du bonbon. C’est vraiment les équipes, nous créons des rencontres.
Q : Les collègues que tu as eus…
A : Ouais, plus que ma petite partition à moi. Quand je suis tourné vers les autres, que je m’intéresse aux autres puis que je rentre en contact avec les autres, c’est là qu’on fait de belles affaires je trouve.
A4: Oui, mais c’est plus du théâtre qui s’en vient. Prochainement, j’aurai un nouveau spectacle de théâtre avec Brigitte Haentjens qui s’appelle Rome. Je vais le faire au mois d’avril, un beau et gros show de six heures sur les cinq pièces romaines de Shakespeare. On répète ça en ce moment à temps plein.
En terminant, nous vous conseillons d’élargir vos champs d’intérêt et d’écouter, tout du moins, trois séries parmi ces dernières. Ainsi, voici quelques dates de parution à noter. En ce qui concerne les nouveautés dans la section VÉRO.TV, Du pain sur la planche ! comporte 5 épisodes disponibles depuis le 2 novembre dernier et Martine à la plage, 8 disponibles dès le 17 novembre. Outre cela, le 23 novembre vous retrouverez pour une cinquième saison Bébéatrice, la princesse autoproclamée de la résidence familiale, ainsi que son entourage, dont ses parents Mamanie et PapaGuy. Cette famille au quotidien rempli prendra place sur ICI TOU.TV, tout comme Sandy disponible à partir du 5 décembre et Vidanges, dès le 7 décembre. Ces deux projets comprendront respectivement 6 et 12 épisodes. C’est donc sans contredit que les programmations raviront le public, réconciliant par le fait même les réticents avec l’univers télévisuel québécois. En effet, avec autant de diversité de genres, nous n’avons rien à envier à qui que ce soit.