Stephen Faulkner, alias Cassonade ou Steve, est un auteur-compositeur-interprète qui a débuté sa carrière aux côtés de Plume Latraverse. Il a rapidement connu de nombreux succès tels que: En claquant la porte, J’m’en va r’viendre et Si j’avais un char. Malheureusement, à cause de normes contraignantes auxquelles il ne voulut se soumettre, il fut sous-estimé aux yeux de plusieurs maisons de disques et dirigeants radiophoniques. Sans doute le plus pur et le plus authentique de tous les cowboys québécois, Stephen commencera, si la Covid le lui permet, une tournée pour célébrer ses quarante-cinq ans sur la route. Depuis presque cinq décennies, sa plume percute, inspire, fait rêver, puis émerveille grands et moins grands.
Chapeau bas, monsieur Faulkner !
10) Si j’avais un char
Avant de découvrir, ou plutôt de redécouvrir, ce classique des années 1970, vous devez savoir que cet auteur-compositeur-interprète ne possède pas de voiture. Maintenant, lorsque vous écouterez cette chanson en prêtant attention aux paroles, les phrases « Si j’avais un char, ça changerait ma vie », « Si j’avais un char, j’en ferais ma maison. Toi, tu serais mon trésor, et ce serait ma raison de vivre » auront encore plus d’ampleur. Et la conclusion du dernier refrain « Mais j’ai pas mon char, faqu’ j’vais prendre un taxi pour aller me perdre quelque part avec toi ma jolie », d’impact.
9) À la croisée des chemins
Véritable cri du cœur, cette chanson qui raconte la dépression d’un homme est frappante. Les phrases à la fois simples et puissantes telles que: « Ça fait trop longtemps que tu marches dans la rue. Tes pieds te font mal, pis tu t’dis: maudite vie de chien! », et « Maman, viens chercher ton enfant! » se marient à merveille au rythme rock. Fidèle à ses habitudes, Stephen sait utiliser les bons mots pour véhiculer son message à son public, et lui transmettre les émotions qu’il veut faire ressentir. « Je suis sur mes genoux, à la croisée des chemins. {…}. J’ai des diables dans ma tête, puis du feu dans mes yeux ». C’est donc sans grande surprise que cette mélodie, difficile à trouver sur le web, se mérite la neuvième position du palmarès.
Stephen Faulkner – Cassonade (1978) [ 27:18 ]
8) Ils chantent
Dans cette composition, Faulkner illustre à merveille le besoin qu’ont plusieurs chanteurs qu’est celui de s’exprimer pour se sentir vivants « Et ils chantent, tassés dans un vieux camion. Et ils chantent, bardassés par leurs illusions. Et ils chantent, heureux d’être sur la route, de jouer les fins de semaine dans un rock’n’roll band ». Cette mélodie démontre également que, pour plus d’un musicien, chanter n’est pas synonyme de gloire. « Pour eux, y’a pas de catégorie, personne qui vote, personne qui prie. Y’a pas de parterre en haleine. Ni baratin, ni mise en scène » et que souvent, les conditions salariales s’avèrent difficiles.
« Pour eux, y’ a que la route; celle qu’on fait pour gagner sa croûte ». Percutante, cette chanson aide à comprendre, plus qu’à juger, les musiciens qui se produisent ailleurs que sur une scène.
7) De bord en bord d’la semelle
Philosophe à ses heures, Stephen nous le laisse savoir avec cette œuvre musicale qui peut être considérée comme une berceuse pour certains, ou comme un récit de vie « J’ai un trou dans mon soulier, par où je peux voir un coin du ciel passer » pour d’autres. Un poussiéreux cœur de bum qui tente de retomber sur ses pieds « Faudrait bien que j’m’assoie pis que je me raccommode » ne peut laisser un auditeur indifférent. Et comme sa force réside dans les analogies textuelles, il en attribue plus d’une à cette mélodie: « Un trou du cul, ou ben un trou d’amour. Ou sur le coin d’une rue, un troubadour ». Si cette composition se situe en septième position, ce n’est pas sans raison. Accordez-lui une trentaine de secondes d’attention, et vous verrez que la plume de cet auteur, compositeur, mais surtout interprète, vous impressionnera.
6) Du gaz dans mon char
Le rêve de poursuivre son chemin en bonne compagnie « Là où la route mène, je ne le sais pas mais c’est là qu’on s’en va » se fait comprendre. Et ce, grâce au personnage principal de cette chanson (j’opte pour le terme personnage, comme personne ne sait si Steve écrivait sur sa propre vie), qui exprime son désir d’une manière tellement touchante: « Tant qu’elle brûlera la flamme dans mon corps, jusqu’au bout j’irai ». Sans oublier la douceur qui règne entre sa femme et lui « On roulera la nuit et, si tu veux, tu peux canter ». Ce texte est simple soit, mais ô combien efficace sur le plan émotionnel.
5) À l’est d’éden
L’adolescence, la rude, fait parfois peur aux paroliers qui ne savent comment l’illustrer correctement et qui préfèrent la glisser sous silence ou en déléguer l’écriture. Pas cette fois-ci. « Sans avenir aux portes de l’enfer, joue du couteau, traîne sur le trottoir » comme s’il s’était inspiré de sa propre jeunesse, ses paroles sont véridiques. Profondes « Trop jeune pour avoir peur, trop tard pour fuir… ». Résumant à merveille cette phase de vie, il ne craint pas de dire les choses telles qu’elles sont « La rage au cœur, personne à qui le dire », sans pour toutefois faire la morale à quiconque. Étant moi-même une adolescente, cette chanson m’a percuté dès ma première écoute et continue à le faire.
4) Cajun de l’an 2000
Ces paroles qui nous portent à analyser les conditions de vie actuelles ne peuvent laisser quelqu’un indifférent. Et une fois de plus, l’entièreté du mérite revient à Faulkner. Ce texte, d’une richesse particulière, est parsemé de questions que nous devrions tous nous poser telles qu’« Entendrons-nous les cloches des villages annoncer qu’il est trop tard; sonner l’heure du départ ? ». Cela laisse également place à l’après. Si la langue française, ou acadienne, venait à disparaître, « Quand tous nos poètes se seront tus, que seront partis tous nos aïeux; et que nous aussi nous nous ferons vieux… », qu’adviendrait-il de la classe moyenne? Ou de celle infortunée? Personne ne le sait vraiment « Anne, ma sœur Anne, n’a jamais rien vu venir et les bateaux l’ont emportée. Vers une autre Louisiane, une autre swamp aux souvenirs… ».
3) Doris
Ce récit présente une vive leçon de courage et d’espoir pour toutes les personnes qui rêvent de s’émanciper en poursuivant leurs rêves « Pour vivre, j’ai besoin d’faire danser les tables autant qu’y en a dans l’club pis tu sais qu’chu capable! ». Selon Doris, avec une dose de courage, « Donnez-moi un micro, quinze minutes de show, pis je r’vire la place à l’envers », si nous connaissons nos moyens, nous pouvons tout réaliser. Et ce, Stephen a eu l’occasion de le comprendre à maintes reprises au fil de sa carrière. Il se permet donc de lancer aux auditeurs une piste de réflexion: « C’tu mieux d’chanter pour vivre ou bien de vivre pour chanter ? » …
2) Aime-moi
Certainement la chanson la plus émotionnelle, et la plus essentielle, de son répertoire. Ayant la capacité de donner au public l’illusion que l’espace-temps fige, il exploite un moment à capella « Les étoiles qui brillent dans le ciel, les fusées qui passent dans l’espace. La pollution, les océans qui meurent, la planète qui se réchauffe. Les ouragans, les volcans. La télévision qui nous abrutit. Toutes ces choses: la bombe atomique, les maladies mortelles, et la bêtise des gens surtout. Et la bêtise des gens. Mais qu’est-ce qu’on peut faire toi pis moi ? » pour entrer dans tous les cœurs et y prendre toute la place. Texte permettant de comprendre pourquoi, dans la vie, il est essentiel d’aimer. Aimer, avec un grand A.
« Aime-moi, le temps file entre nos doigts.
Aime-moi, demain nous ne serons plus là ».
1) Le météore
Hommage à tous les parents « J’voudrais pouvoir te suivre, mais tu files bien trop vite! » et hymne à tous les enfants « Pas plus haut que trois pommes, et pourtant déjà un homme », le fait que cette chanson trône au sommet de ce palmarès est une évidence. Mais comme personne ne peut espérer arriver à résumer aussi bien cette œuvre musicale que le fait Stephen Faulkner, lui-même père de deux enfants (aujourd’hui adultes), je laisserai cette phrase imprégner tous les cerveaux en guise de conclusion « Souviens-toi toujours: les météores naissent de l’amour ».