Cinéma & TV

Entrevue | Simon Boulerice nous parle de Géolocaliser l’amour, la série!

Bonne nouvelle ! Les adeptes du travail de Simon Boulerice seront heureux d’apprendre que depuis mercredi dernier, la série web Géolocaliser l’amour est disponible gratuitement sur ICI TOU.TV.

Composée de dix épisodes, cette fiction s’adresse à un auditoire adulte et met la lumière sur l’humain touchant qu’est Simon, sans toutefois être une œuvre autobiographique. Afin de souligner cette occasion spéciale, MTL PRESSE a eu l’honneur de s’entretenir avec cet artiste aux multiples talents pour récolter ses impressions sur cette adaptation basée sur son roman du même nom.

1. Comment t’es-tu préparé pour les tournages de cette série ?

« La productrice Caroline Gaudette m’a contacté pour faire ce projet avec moi. J’ai nommé ce désir-là d’adapter Géolocaliser l’amour puis, en l’écrivant, j’ai eu envie de planter des archives pour brouiller un peu plus le vrai et le faux dans chacun des épisodes. Je me suis donc amusé comme ça à revisiter certains souvenirs, parce qu’évidemment je ne suis plus vraiment là-dedans aujourd’hui. Ça fait quand même six ans que j’ai publié ce roman-là, mais j’avais envie d’en faire une nouvelle mouture et de revisiter les années où je me sentais un peu incomplet ; ce qui n’est plus du tout mon cas aujourd’hui ! Ça parle un peu d’incomplétude et ça parle, en fait, surtout des applications de rencontre qui peuvent parfois avoir un effet vertigineux. Il y a tout le temps quelqu’un d’autre qu’on peut rencontrer puis qui va impacter notre vie, alors je trouvais que c’était un sujet qui était riche pour parler de la solitude ambiante. »

2. Sur les 10 épisodes, quel est ton moment ou ta scène préféré(e) ? Et pourquoi ?

« J’aime beaucoup, beaucoup, Josée Deschênes. C’est une actrice que j’admire depuis toujours. Et j’ai une scène avec elle où on a une discussion un peu drôle. Je suis assis sur un bol de toilette (rires) et elle me parle de poursuivre en justice la personne qui aurait fait diffuser une photo pas très flatteuse à mon sujet. Je trouve que cette scène est vraie. J’ai eu tellement de plaisir à la tourner avec Josée, parce que Josée me fait rire et que je la trouve attachante. Alors, j’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à tourner cette scène-là. »

3. Comment te sens-tu d’exposer au grand public une part plus vulnérable de ta vie ?

« Bien, parce que je l’ai toujours fait dans le roman. Dans le roman, j’ai toujours eu cette transparence-là. J’ai toujours alterné entre une fiction un peu plus claire puis de l’autofiction. J’en ai souvent fait de l’autofiction et prêté mon nom au personnage. Au théâtre, j’ai même commencé en écrivant Simon a toujours aimé danser qui était certains souvenirs de danse, de musique et de sport parce que ça raconte le portrait d’un sportif raté ; d’un joueur de hockey pour qui ça ne fonctionne pas. Donc je me suis toujours intéressé à ça, brouiller les cartes. C’est juste une continuité. C’est sûr que maintenant, je fais plus de télévision, donc j’ai une plus grande portée. Je suis un peu plus reconnu, donc peut-être que ça pourrait être un peu intimidant de le faire, mais non. J’ai comme l’insouciance de l’écrivain qui a envie de se prêter au jeu. Je brouille les cartes, donc j’ai eu du plaisir à faire ça. »

4. Dans le cas de Géolocaliser l’amour, y avait-il une pression supplémentaire liée au fait d’incarner le personnage principal d’une série que tu as toi-même écrite/adaptée ou si, au contraire, le fait de t’occuper de tout ça te faisait sentir plus en contrôle ?

« Plus de contrôle, je te dirais. Tu sais, mon travail était déjà fait. Ce qui se passe, c’est quand on écrit, c’est rare qu’on écrive collé sur le tournage. C’est vraiment fait en amont, donc moi, mon travail d’écriture et de réécriture avait été fait avec mon script-éditeur qui s’appelle Vincent Bolduc. D’ailleurs, je travaille souvent avec lui, alors Vincent qu’on connaît tous et qui est hyper brillant, hyper talentueux. Donc il m’a vraiment beaucoup aidé dans l’écriture à pousser les choses plus loin ; à pousser l’humour et le drame plus loin. D’embrasser l’humour et d’embrasser le côté tragique que ça peut représenter aussi. Donc il m’a beaucoup aidé et quand ça a été le moment de tourner, j’aimais les textes. Je n’avais plus qu’à les défendre, qu’à les porter. Puis comme l’auteur était sur scène, c’est-à-dire que je jouais dans pratiquement chaque scène, quand il arrivait un accident ou quelque chose d’imprévisible, je l’ajustais. Tu sais, l’auteur pouvait réécrire sur le coup. Je te donne un exemple, le lit s’est cassé. Il y a un lit qui a cassé pendant le tournage puis on l’a gardé parce que je trouvais ça trop drôle. Ça ne se peut pas topper ça, un lit qui casse, puis la surprise qu’on a qui n’est pas feinte, qui est sincère. C’est trop le fun. Alors, on a gardé ça puis j’ai réécrit la scène suivante pour que ce soit une suite logique. Et ça, j’ai aimé ça. J’ai apprécié le fait d’être sur le plateau puis qu’on puisse s’ajuster au fur et à mesure. Ce qu’on ne pourrait pas faire pour la télé normale parce que tout est calculé. Mais quand tu fais du web, le temps n’est pas important. Tu peux avoir un épisode de dix minutes et un autre de vingt minutes, donc j’avais cette liberté-là et ça a été vraiment jouissif de pouvoir s’ajuster comme ça. »

5. Quel a été ton plus grand défi entourant ce projet ? Et ta plus grande fierté ?

« Le défi, je pense que c’était de créer un personnage qui me ressemble et qui, en même temps, avait des distances par rapport à moi. Parce qu’évidemment, le personnage me ressemble beaucoup. Il y avait une espèce de dosage à trouver entre les choses que je prête et les choses que j’invente aussi. Il y avait de l’invention là-dedans tant pendant l’écriture que dans le jeu. Je devais aussi me faire diriger par un metteur en scène qui avait son propre regard sur la série. Des fois, je ne serais pas allé dans la même direction que lui, mais ça m’a justement amené à pousser le jeu plus loin. Je suis sorti de ma zone de confort, même si je m’autojouais, parce que le metteur en scène Nicolas Legendre-Duplessis me proposait certaines choses… Il me disait, par exemple, on va essayer une prise où tu es fâché. Parfois, je n’étais pas certain, mais il me disait d’essayer. Je trouve que ça apportait quelque chose, alors ça a été nourrissant.

Ma plus grande fierté, je dirais que c’est d’avoir créé une série protéiforme. C’est très vaste. Il y a un peu de tout. Oui, le ton est différent. Il y a de l’humour, puis il y a du drame. Mais protéiforme aussi, parce qu’il y a de la danse, parce qu’il y a du dessin en rétroprojecteur, il y a de l’acétate, donc je fais du dessin live. Il y a un côté poétique aussi en narration, en voix off. Il y a des passages vraiment poétiques qui pourraient être denses pour certains, mais j’ai l’impression que ça passe bien. C’est accepté qu’il y ait de la poésie là-dedans qui côtoie aussi l’humour. Alors, j’ai envie de répondre le côté protéiforme, mais aussi le côté queer. Il y a un côté qu’on ne peut pas encarcaner. Il n’y a pas de genre précis, c’est quelque chose d’un peu ovni. D’un peu électron libre. Il y a même du réalisme magique à quelques reprises donc je trouve que c’est une série queer dans tous les sens. Dans le propos, avec les acteurs dont beaucoup étaient queers et même dans la forme. La forme est un peu queer, je trouve. »

6. Quels éléments t’ont donné envie de transposer ce livre en série ?

« Je trouve qu’il n’y a pas une si grande représentativité de la communauté LGBTQ+ en tant que premier rôle. On est souvent le meilleur ami dans une série, le meilleur ami qui va être là comme entourage du personnage principal. Être autour. Parfois, il faut plonger dans le drame d’une personne de la communauté LGBTQ, le gai en l’occurrence, mais qui rencontrent une succession d’amants. Je trouvais que c’était une communauté qu’on ne voit pas tellement souvent en premier rôle, puis de la voir autant au premier plan qu’au second, c’est important. À mes yeux, à moi, évidemment, c’est personnel, je trouve qu’il y avait un manque à ce niveau-là que j’avais envie d’assouvir. Et comme j’écris beaucoup sur ces questions-là, ce sont des préoccupations puis des obsessions qui m’habitent. J’avais envie de mettre en lumière la communauté dans mes livres parce que j’en fais partie, mais à la télé aussi, question que ça suive le pas sur les livres. »

7. Finalement, que peut-on te souhaiter pour la suite de ta carrière ? Est-ce qu’une deuxième saison est prévue ?

« Je me souhaite vraiment une suite, parce que j’ai eu un immense plaisir à tous les niveaux. En amont, en écrivant, en tournant, puis en regardant ; en participant un petit peu en donnant mon avis sur le montage. J’ai pris part complètement à cette série-là, puis ça a été pour moi, dans ma carrière, un joyau d’être autant partie prenante à tous les niveaux. Je souhaite que ça revienne. Je ne sais pas sous quelle forme, peut-être une suite, oui. Mais je m’intéresse à plein de choses dans la vie, mais c’était la première fois où j’étais impliqué à ce point dans un projet télévisuel. Donc, je m’en souhaite une autre comme ça ; d’avoir autant de liberté. C’est la liberté, je pense, qui a marqué le tournage, et je m’en souhaite autant pour la suite. »

Nous tenons à remercier Simon de nous avoir accordé quelques minutes et vous recommandons d’aller voir ce projet. C’est sans aucun doute une œuvre qui nous donne envie de la visionner en entier et même, d’espérer une suite. À la fois tendre, pétillant puis savoureux, Géolocaliser l’amour est dans tous les cas un véritable bonbon télévisuel !

Révision: Kim Desormeaux

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