Musique

[Entrevue] Rabaska lance son premier simple Le Nord

Le tout nouveau groupe Rabaska vient de lancer son premier simple Le Nord accompagné d’un vidéoclip et il faut que tu regardes ça (sur n’importe quelle plateforme). Sorti le 22 mars dernier, le morceau est un mélange de rock, prog et de folk québécois : un 9 min 41 s aux styles et changements rythmiques multiples qui te fera penser à tes Pink Floyd et tes Harmonium.

Rasbaska est un groupe francophone originaire de l’Estrie s’inspirant de nombreux styles qui s’apparentent à des groupes comme ceux que je viens de nommer, en plus de Cano, Beau Dommage, Robert Charlebois et The Doors. On retrouve Laurent Galipeau-Théroux (voix, basse), Éléonore Le Grand (voix, guitare acoustique), Maxime Charest-Duchesne (clavier, voix), Antoine Boudreau (guitare électrique) et Marc-André Gibeault-Girard (batterie).

Un album de 7 chansons originales enregistrées au Studio C à Sherbrooke paraîtra cet été.

Chanson Le Nord

« Cette chanson est une ode à la spontanéité ainsi qu’à l’appréciation du territoire et des gens qui nous entourent », rapporte le communiqué.

La nature vit dans l’immédiat et l’ici vit dans le maintenant ; le temps présent servant de centre de gravité dans la chanson est intrinsèquement lié à l’espace. On oublie le passé et rêver le futur n’est encore qu’un acte profondément ancré dans la jouissance du moment présent. La seule analepse du texte est invoquée pour s’affranchir implicitement de l’ailleurs (« Le Sud je l’ai déjà vu, sur les réseaux entendu ») et les références au lendemain sont introduites dans un esprit conditionnel (« Si on partait demain ensemble »), puis paradoxal (partir pour le Nord, c’est-à-dire ici) : aujourd’hui devient un fantasme. Le vidéoclip poursuit dans cette direction par sa dimension fortement onirique.

Cette coréalisation de Edouard Godbout-Corriveau et Julien Mau a été tournée à Eastman, Fulford, Granby, Stukely et à Yamaska.

Entrevue

Je me suis entretenu avec le chanteur Laurent Galipeau-Théroux pour en découvrir davantage sur ce band de l’Estrie.

Laurent, parle-moi du origine story du groupe.

J’ai toujours écouté de la musique comme du rock ou du jazz. J’ai toujours baigné là-dedans depuis que je suis jeune. Genre Harmonium, j’écoutais ça à 10, 11 ans. C’est comme si j’avais emmagasiné une bibliothèque de mélodies en moi… mais j’ai jamais su c’était quoi un do. À l’université à Montréal, j’ai rencontré Éléonore. Et un soir, après avoir fait un travail d’équipe, elle a sorti la vieille guitare électrique à son coloc qui sonnait vraiment tout croche (elle avait besoin d’amour, mettons). Elle a joué, j’ai improvisé un petit pattern de paroles, et là j’étais hooked. Pis je me rappelle, je suis revenu chez moi et j’ai texté ma blonde à cette époque-là : « Je pense que je veux faire de la musique ». […] Fait que je me suis acheté une basse en 2019. Après ça, je savais [que mon ami Antoine Boudreau] avait une guitare, et je lui ai écrit pour savoir s’il voulait qu’on joue ensemble. […] À un moment donné, j’ai vu une photo dans une convo Facebook d’amis du secondaire. Mon ami Maxime Charest-Duchesne avait rénové le haut de son garage et dans la photo il y avait un drum, pis une guit avec un ampli. […] J’ai écrit à Max et je lui ai dit : « Veux-tu que je vienne avec des amis pis qu’on joue de la musique ? ». Et notre première rencontre, ç’a été ça, à l’été 2019.

Votre style est singulièrement pluriel et loin d’être mainstream. Comment s’est passé pour le groupe le processus de recherche de son identité musicale ?

On a vraiment appris à se connaître [les un·e·s les autres] par le plaisir de jouer de la musique. Je pense que c’est ça qui fait un peu le son qu’on a aujourd’hui. On n’a aucune formation en musique, on n’a aucune connaissance sur c’est quoi un bon blues, c’est quoi un bon jazz. Notre son, c’est nous qui l’a créé. […] Ç’a été beaucoup d’acharnement, de pratique. Au départ, on chantait juste en anglais pis c’était vraiment plus comme du rock psychédélique garage de gens qui savent pas jouer. À un moment donné, on a commencé à jouer un peu plus des trucs folks, un peu à la Harmonium. Puis, Éléonore pis moi, on a trouvé un riff de guit à partir duquel s’est construite la chanson Le Nord. Et on s’est plus trouvé un style à partir de là. Il y a aussi une autre chanson qui sort prochainement (intitulée Convaincre son âme) qui est plus blues/rock, avec une certaine chaleur humaine dans la musique et les paroles. C’est pas mal nos deux premières chansons. Et c’est quand qu’on les a jouées pour la première fois les cinq membres ensemble qu’on a réalisé qu’on tenait de quoi de vraiment spécial. À partir de ce moment-là, le reste des tounes a découlé.

Au début, le groupe écrivait des chansons en anglais. Pourquoi avoir finalement décidé que vous étiez un groupe francophone ?

Y a personne d’anglophone dans le band, on est francophones. Pis au final, en tout cas selon moi, la musique c’est fait pour partager des sentiments, partager des histoires, nos histoires. Pis moi j’aime bien voir la musique du point de vue le plus régional possible. Dans le sens : d’où tu viens, c’est quoi ta vie, qu’est ce qui t’entoure ? C’est ce que j’aime raconter un peu dans les chansons […] Pis en anglais c’était impossible. Tu m’entends parler pis j’ai un bon français quand même un peu québécois. Fait que ça avait pas rapport que, moi Laurent, je chante en anglais.

Pourquoi le nom Rabaska ? Mot d’origine algonquienne, est-ce qu’il y a une dimension sémantique attachée aux peuples autochtones dans votre nom ?

J’ai longtemps pensé à ç’allait être quoi le nom du band. Au début j’avais Yamaska en tête. J’aime le mot Yamaska, c’est un mot avec trois syllabes, ça s’dit bien. Je travaillais au Parc de la Yamaska justement à mon adolescence, pis je faisais faire des rides de rabaska [aux touristes]. Et j’ai pensé à l’image du rabaska, je me suis dit : « Ah ! C’est des canots de rivière pour aller dans les grosses rapides pis faire des gros portages de matériel. »  Je trouvais ça malade. J’aime ça l’idée d’être les cinq membres du band dans le même rabaska pis on va naviguer, peu importe c’est quoi qui se dresse devant nous. Ça vient aussi rechercher un band qui m’a beaucoup inspiré dans ma vie qui s’appelle Cano.

Dans toutes nos chansons il y a un thème qui revient souvent pis c’est le retour — pas juste à la terre — mais aux bases, aux sources. Ce qui est probablement la chose qu’on aurait le plus besoin de se faire enseigner par les peuples autochtones, selon moi.

Pourquoi la chanson Le Nord ?

Le thème du territoire m’est venu pas mal avec la pandémie. Avant qu’elle n’arrive, j’étais en train de me planifier un voyage dans un pays exotique. Puis à un moment donné j’ai vraiment réalisé l’impact de certains comportements [sur l’environnement]. J’ai pus envie d’embarquer dans un avion, je sais c’est quoi les dommages de l’industrie du tourisme […] On dirait qu’on a un peu oublié que le territoire au Québec, il est malade ! Il est rempli de lieux fantastiques. Pis on l’oublie parce qu’on est tellement bombardés de photos de voyage. C’est cliché, mais tu ouvres ton feed pis ça prend pas deux minutes que tu vois tes amis qui sont en voyage [dans le sud].

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Photo de couverture : Edouard Godbout-Corriveau 

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