Ça aura pris deux ans et des poussières à l’auteur-compositeur-interprète Olivier Couture pour concocter doucement et savoureusement un nouvel EP folk, qui lui ressemble vraiment. Ce sont cinq chansons, au son très personnel à l’artiste, sur lesquelles vous pourrez mettre la main dès le 4 mars 2022. D’ici là, le nouveau trentenaire a accepté de s’ouvrir sur son processus de réflexion et de création.
On ne la nommera pas, mais en 2020, une situation bien malheureuse et contraignante nous a poussé à s’encabaner entre nos quatre murs. Pour quelqu’un qui avait l’habitude de performer devant public 4 à 5 soirs par semaine depuis plusieurs années, ça déstabilise et porte à réflexion. C’est ce à quoi Olivier Couture a été confronté : « J’ai eu 29 ans durant la première vague. […] Ça a comme été une mise au point sur plein d’aspects de ma vie, autant professionnel que personnel. » Cette mise au point aura inspiré Les jours abandonnés, le premier titre qui figure sur le EP à paraître.
« J’avais l’impression que dans les dernières années, j’avais un peu perdu mon temps. C’était plein de journées que je ne reverrais jamais, c’était la fin de ma vingtaine. […] Il y a quelques années, j’ai fait OD, et finalement, c’était pas ma décision préférée. J’ai perdu du temps précieux que j’aurais pu mieux investir, mieux travailler. En écrivant beaucoup là-dessus, c’était pas de regretter ces journées abandonnés-là; c’est à moi d’apprendre à abandonner ce moment-là, et juste continuer, tourner la page, juste assumer, et que ça continue. À partir de ce moment-là j’ai vu ça autrement, mon désir professionnel » confie sereinement l’artiste.
Un Beauceron pas très Français
En musique, on a connu l’interprète spécialement en 2018 avec la sortie de son album Avant de crever. On y retrouvait que des pièces d’inspirations françaises des années 60, à la Jacques Brel, Aznavour et Gainsbourg. « J’ai toujours été dans l’interprétation, je joue un personnage, je mets un masque et je m’en vais être quelqu’un d’autre que moi sur une scène. Ça a pas mal été ça pendant des années » nous raconte-t-il. Ce fût une époque où avec du recul, le travail semblait axé sur la démarche artistique et sur ce que le personnage Français avait envie de raconter, et non centré sur ce qu’Olivier, l’interprète authentique et rempli de sensibilité, avait envie de partager. Bien que la formule fonctionnait, et que l’album a connu un succès fou, 2020 est arrivé, puis il a été temps de tourner la page.
Il y a deux ans, les auditeurs ont pu découvrir l’univers plus folk, qui colle davantage à la peau d’Olivier Couture, avec un mini-album du nom d’Imperméable. Deux des titres de cet opus ont connu de bonnes réactions des radios. Une tape dans le dos qui confirme le choix de l’auteur-compositeur, désireux de se rapprocher d’un son qui lui ressemble. : « Dans la démarche de tout ça, j’ai eu une soif d’authenticité. J’ai comme eu envie de faire les choses pour que les gens qui écoutent ma musique, et qui viennent me voir en show, ce soit le même gars qui leur parle avant et après, comme dans la vie de tous les jours. »
Enfin, une avenue musicale plus personnelle, plus près de sa personne, et qui n’induira plus ses fans en erreur quant à ses origines : « Il y en a beaucoup qui pensaient que j’étais Français à cause de mon premier album. Je suis un Beauceron, je ne peux pas être moins Français que ça. (rires) La petite Labatt 50 a toujours pris le dessus sur le verre de vin rouge. »
Plus on change, plus on se ressemble
Le EP portera le titre Plus on change, plus on se ressemble. Une phrase qui évoque une dualité qui plaît bien à l’auteur de cette ligne : « Dans ma vingtaine, plus je me changeais, plus je ressemblais à ce que les gens avaient envie de voir. […] Plus je vais changer pour le mieux, et plus je vais finir par moi me ressembler. Au final, on appelle ça évoluer. Je trouvais ça le fun la dualité des deux façons de voir le titre. […] C’est un peu ce que la pandémie m’a apprise; ce que je voulais au final, c’était être heureux. Qu’est-ce qui me rend heureux? Me sentir à ma place professionnellement. Qu’est-ce que je peux faire? Ça. » Une réflexion profonde, qui a teinté complètement la création de l’opus, qui fait office de transition de la vingtaine à la trentaine pour lui.
Des cinq titres que composent l’extended play, on se promène doucement tant vers des morceaux plus légers, que réfléchis ou sombres. « J’ai une chanson qui parle des vices en général. Je prenais beaucoup de marche durant la première vague et ça m’a frappé de voir à quel point il y avait beaucoup de monde qui faisait des lines-ups devant la SAQ et la SQDC. Je me suis mis à réfléchir, à quel point en ce moment, oui ça nous aide, mais à quel point c’est une béquille plus qu’une aide, au final. J’ai écrit une chanson là-dessus, sur quelqu’un qui a un peu des problèmes par rapport à ça, par rapport aux dépendances en général, sans vraiment nommer quoi que ce soit dedans. C’est une réalisation que si on n’apporte pas concrètement de changement dans son quotidien, y’a rien vraiment qui va changer » raconte Olivier Couture à l’autre bout du fil, de façon bien mûre et réfléchie.
Pourquoi plonger dans l’univers folk, parfois énergisant, tantôt touchant d’Olivier Couture? C’est simple : « Il n’y a pas deux Olivier Couture à mon avis. […] Je crois que tous les sujets ont été racontés, mais ils n’ont pas été racontés par moi. »
Plus on change, plus on se ressemble sera disponible sur les plateformes numériques dès le 4 mars 2022.
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Merci à Olivier Couture et Michaël Grégoire
Entrevue et révision : Kim Desormeaux.
Texte : Claudia Boisvert