Entrevue Vincent Brault — 2/5
Des fantômes de Tokyo au fantôme de Suzuko
Tu étais au Japon pour de la recherche sur les fantômes, mais ton projet s’est transformé en quelque chose de beaucoup plus personnel.
« La femme que j’appelle Suzuko dans mon livre, bien, c’était mon amoureuse et on s’est quittés quelques mois avant que je parte au Japon [où l’on devait se rejoindre…] C’est avec elle que j’étais allé au Japon la première fois en 2013 […] Il m’est apparu en cours de route que le fantôme principal de l’histoire, c’était ce deuil-là, cette personne-là qui n’était pas présente avec moi à Tokyo, mais qui aurait dû, mais qui en même temps était tellement présente parce que… Je le dis aussi dans le livre : « la présence des absents ». Des fois, il y a comme une présence plus importante de ceux qui sont absents ; ceux qui sont présents, parfois on les oublie. »
Est-ce que ton roman se qualifie comme de l’autofiction ?
« Moi, je dis autofantastique. Mais oui, je pense que c’est une sorte d’autofiction. On pourrait dire que les affects dans le livre sont vrais. Pour la plupart des personnages, j’ai gardé les vrais noms des personnes qui sont dans le livre : Pavle Jovovic, il like mes posts sur Facebook […] Ça m’a bien amusé que soient mêlées la réalité et la fiction. Mais à quelque part, il y a peut-être plus de vrai qu’on peut se l’imaginer. […] C’était touchant pour moi d’écrire ce livre-là. J’avais besoin de l’écrire, je n’avais pas vraiment le choix. Il fallait que je sorte le fantôme de moi. »
Le deuil, les fantômes, la psychanalyse : quel est le lien entre ces concepts, selon toi ?
« Les fantômes en psychanalyse, c’est un concept. C’est comme si c’était le retour du refoulé un petit peu… c’est pour ça que, dans la collecte d’histoires que je fais, les apparitions de fantômes n’arrivent pas out of nowhere. Ils arrivent essentiellement après un deuil. Par exemple, on n’a pas eu le temps d’aller voir notre grand-père à l’hôpital avant qu’il meure, on regrette. Une semaine plus tard, notre grand-père nous apparaît et on peut lui dire au revoir. Souvent, c’est ce genre de chose-là [que j’entends.] Les fantômes, j’ai l’impression qu’ils ont une fonction rassurante pour l’individu. Très rares sont les histoires de fantômes que j’ai reçues qui étaient effrayantes. »
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