Humeurs

Les allégations de 2020 et le facteur temps

Que ce soit clair tout de suite. Je crois fermement que lorsqu’on fait du mal à quelqu’un, de quelconques façons, une introspection est de mise, de même que de sincères excuses. C’est important de prendre le temps de réfléchir aux actions qu’on a posées, qui ont blessées/brisées autrui. Qu’on parle d’agression, de harcèlement, d’intimidation, et j’en passe. Prendre le temps… Combien de temps, en fait?

Je me pose la question, suite à la publication de Julien Lacroix qui est sorti de son silence il y a quelques semaines. Le lendemain de cette dite publication, l’humoriste a changé sa photo de profil sur sa page publique; chose qui a énormément fait jaser. Je me fais l’avocat du diable. Lorsqu’on fait quelque chose de mal, après combien de temps c’est jugé socialement acceptable de reprendre le travail ou de publier des excuses? Je ne parle pas nécessairement de Julien, mais de tous ceux qui se trouvent dans le même bateau que lui présentement, et tous ceux qu’on ne connaît pas, et que dans leur vie personnelle, ont aussi fait du mal à autrui.

Comprenez-moi, je ne minimise en rien les gestes que peuvent avoir commis ces personnes. Je souhaite juste qu’on réfléchisse ensemble, collectivement, sur le sujet. Sans se diviser.

Le facteur temps

Maripier Morin est de retour sur le tournage de la populaire série La Faille. Elle obtient un rôle principal dans le film Arlette, dont les tournages ont commencé. Elle revient sur Z avec son émission Mais pourquoi?. Oh que ça a fait couler de l’encre! Les médias ont repris ces nouvelles comme s’il s’agissait des news du siècle, et sous chaque publication à cet effet, on peut lire la haine et le désagrément de plusieurs. Une chose revient toujours : la rapidité. Qu’on parle de Morin qui reprend son rôle de Sophie Taylor, ou de Lacroix qui donne des nouvelles et publie des excuses, les internautes reprochent une chose : la rapidité avec laquelle ils sortent de leur silence. On reproche même à Julien de manquer de maturité et d’empathie envers ses victimes, car 6 mois, c’est pas assez, apparemment. C’est là que je me questionne. Combien de temps de pause serait jugé acceptable? Entre vous et moi… Vous me dites que si un agresseur resterait dans le silence disons, 12 mois, ou même 24 mois, ce serait signe de maturité, d’empathie, et qu’enfin, il a suffisamment travaillé sur sa personne? Comme société, on s’improvise police du temps et psychologue Facebook? Qui sait exactement le cheminement que tous et chacun ont fait?

A-t-on droit à la réhabilitation en 2021?

« Ça sent le retour à plein nez. »
« La beauté de la rémission, c’est le temps. Ce que tu ne prends clairement pas en tâtant le terrain auprès de ton public. »
« Si tu travailles pas sur un retour, quossé que ça nous câlisse ton cheminement? »
« Tu avais l’opportunité de parler du problème plus en profondeur […], à la place, tu décides de parler de toi et de ta propre personne qui chemine dans cette «épreuve». »

Ça, ce sont des commentaires qu’on peut lire sous la publication de Julien Lacroix. Je souhaiterais tout simplement rappeler à notre société qu’en thérapie, une des étapes cruciales à la réhabilitation, c’est de face off le problème, puis de t’excuser ouvertement aux personnes qui peuvent être concernées par ta démarche, et d’encaisser les coups et les réactions. Ça fait partie du cheminement. Retour, pas retour. Message corrigé et révisé par une équipe, ou pas. Avouer, s’excuser out loud et encaisser, ça fait partie du cheminement. Just saying.

La réhabilitation fait aussi partie de nos valeurs comme société, que tu sois connu, ou non.

À deux hommes en or, Rosalie Bonenfant s’est également questionné sur le retour de Maripier Morin, en soulignant que de son point de vue, 6 mois c’est trop peu. « Je veux pas avoir l’air intransigeante, je pense que je suis plutôt sceptique. Elle est où la preuve concrète de l’introspection? […] J’espère avoir assez d’humanité pour croire que c’est pas parce que tu as fait quelque chose de mauvais que tu es une mauvaise personne. » Tandis que de son côté, Charles Lafortune, producteur de La faille, défend la reprise des activités professionnelles de Maripier. En bon papa, il a mentionné à Patrick Huard en entrevue à La Tour : « Il y a le droit de se réhabiliter, parce que je ne sais pas ce que ça dit sur notre humanité si on ne se réhabilite pas ». L’animateur et producteur a cherché à comprendre qu’est-ce qui s’était réellement passé, et comprendre la réflexion de Maripier et son cheminement au travers de tout ça. La rédemption et la deuxième chance existent, si on se fit aux réflexions de Charles. J’ose croire que c’est vrai… Et ce, sans pour autant discréditer les victimes.

Des gens m’en ont fait, du mal. Psychologique ainsi que physique. Ces personnes ne sont pas nécessairement connues du milieu artistique, donc n’ont pas été mise sur la place publique pour qu’on leur lance des roches collectivement. Ces personnes travaillent aujourd’hui. Est-ce que je leur souhaite de tout perdre et ne plus pouvoir travailler pour des blessures qui me suivront toute ma vie? Personnellement, non. Si je me fis au raisonnement populaire, parce qu’une personne travail dans le milieu culturel, elle devrait perdre son boulot à tout jamais? En 2021, peut-on « vivre et laisser vivre »? Je veux dire… Si on n’apprécie pas le travail d’un artiste, on a l’option facile de ne pas la suivre sur les réseaux sociaux, pour se désabonner de son contenu. Si on zap et qu’on tombe sur une émission où cette personne figure à la télé, on peut tout simplement changer de poste. On n’est pas obligé d’aimer tout le monde et d’être d’accord avec le parcours de tous.

Ce qui est bon pour un, devrait être bon pour l’autre

Une pétition circule à l’heure où on se parle… Une pétition pour que le nom de Maripier Morin soit exclut des nommés pour la soirée Artis. J’ai un profond malaise avec la haine que ces gens dégagent. On devrait bannir le travail qu’elle a fait? On juge la qualité de son travail, maintenant? On ne fait pas la part des choses entre le personnel et le professionnel? Parfait. Si c’est comme ça, expliquez-moi pourquoi chaque jour, j’entends une chanson de Kevin Parent à la radio. Pourquoi qu’on ne bannit pas tout le monde de façon égale? Les dénonciations à son égard datent de l’été passé, tout comme les autres. Et pourtant, il est actif sur les réseaux sociaux. Il a des spectacles à l’horaire. Il a un « retour à la normale » mais ça, on n’en parle pas. Il avait avoué, s’était excusé. Puis reprend ses activités. Ça va. Où je suis inconfortable, c’est qu’on s’acharne sur Lacroix et Morin, notamment. On se rappellera qu’ils ont aussi avoués et se sont aussi excusés. Pourquoi n’ont-ils pas le droit de passer à la prochaine étape? J’aimerais avoir un talk avec ceux qui ont décidé qu’on devait retirer Maripier de partout et faire comme si elle n’a jamais existé, mais qui continuent de nous couler du Kevin Parent et du Yann Perreau dans les oreilles, à travers la province au grand complet. Sérieusement.

Peut-on faire preuve de cohérence, s’il vous plaît?

Dans la même ordre d’idée, je vous invite à lire « La réinsertion de Maripier Morin » par Sophie Durocher.

Crédit photo de couverture : Facebook de Maripier Morin

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