Habituellement, pour la tête d’affiche, on brainstorm des thèmes mensuels. Ensuite, on réfléchit à QUI serait idéal pour cette thématique-là. Cette fois-ci, on a fait ça à l’envers! On a pensé à Guillaume Vermette, clown humanitaire. Sa job? «Changer le monde, un sourire à la fois». Pis c’est lui qui nous a inspiré la thématique d’août: le bonheur.
Ça me tient personnellement à cœur de vous partager ce qui suit. Guillaume, c’est un gars ordinaire. Un gars ordinaire qui apporte du réconfort pis des sourires, à du monde qui avait besoin d’un peu de compagnie ou d’étincelles dans leurs yeux. Depuis 2008, il essaie de faire la différence et d’avoir un impact positif autour de lui. Que ce soit ici, au Québec, ou dans un des 40 pays qu’il a visité depuis qu’il chausse ses bottines de clown humanitaire. Ce qui est encore plus fascinant et tout à son honneur, c’est qu’il est bénévole à temps plein. Yup, t’as bien lu! Bénévole. À temps plein. Ça en dit déjà beaucoup, sur le cœur de ce gars-là! Guillaume a besoin de seulement 10 000$ par année pour arriver à faire ce qu’il aime, et distribuer des sourires à travers le monde. Si tu peux lui donner un coup de main, un sourire à la fois; un dollar à la fois, je t’invite à faire un don juste ici: guillaumevermette.com/faireundon.
Depuis la pandémie, Guillaume distribue un peu de réconfort et de compagnie aux aînés en CHSLD. Si ça se trouve, il a peut-être apporté un peu de bonheur dans le quotidien solitaire de ton papi, ta grand-maman ou ton grand oncle. Je vais peut-être faire un François Legault de moi-même, mais… Mes remerciements du jour (et du mois, même) vont à Guillaume Vermette, pour tout le bien qu’il fait autour de lui.

photo: gracieuseté de Guillaume Vermette
10 questions à Guillaume Vermette
1) Tu es clown humanitaire depuis plus de 15 ans. Je ne crois pas me tromper si je dis que ta mission, c’est d’apporter du bonheur et des rires partout où tu passes! À quel moment, tu as le sentiment de mission accomplie?
« Pour être honnête, je n’aime pas le mot « mission », parce qu’il fait un peu trop missionnaire-colonisateur à mon goût, haha! Par contre, je suis habité d’un rêve. C’est peut-être naïf, c’est peut-être quétaine … Mais je rêve de changer le monde, un sourire à la fois. Ma « mission » est accomplie, parce que je suis heureux, tout simplement. Parce que j’essaie de rendre d’autres gens heureux, pis que c’est vraiment le fun. Pis parce que ça fait tellement de sens à mes yeux. »
2) Tu propages du beau, du doux et du bonheur à des personnes en difficultés ou qui en ont tout simplement de besoin. Mais toi, Guillaume Vermette, ta source inconditionnelle de bonheur, c’est quoi?
« Les humains. »
3) Avec les années, tu en as vu des choses. Des belles, mais des moins belles aussi… En quoi ton expérience a changé ta perception du bonheur?
« Je pense que je ne savais pas vraiment c’était quoi le bonheur. Je confondais « bonheur » avec « plaisir ». Je pense aussi que je ne savais pas vraiment c’est quoi aimer. Je parle surtout ici de s’aimer soi-même, de se respecter et de prendre soin de soi. À force de prendre soin des autres, on se confronte nécessairement à la façon dont on prend soin de sa propre personne. Pis pour aimer l’autre, faut commencer par s’aimer. »
4) Tu travailles beaucoup en CHSLD, auprès des personnes âgées. Tu côtoies ces personnes, pleines de vécues et d’histoires. C’est différent d’un public composés de jeunes orphelins, par exemple. Mais, tu arrives à apporter une dose de sourires et de plaisir autant à un clan, qu’à l’autre. Qu’est-ce que ces deux groupes de personnes ont en commun, malgré leurs différences environnementales et sociales?
« Que je sois avec des enfants orphelins en Russie, des adultes réfugiés en Birmanie ou des aînés en CHSLD… Au final, c’est sensiblement la même chose. Les humains ont toujours plus en commun, que de différences. Derrière les apparences, on veut tous la même chose : être aimé. »
5) De mon point de vue, ton travail, on pourrait aussi appeler ça «créateur de bonheur»! Es-tu conscient de la beauté et la bonté rattaché à ce que tu fais; de l’impact que tu as dans la vie des gens?
« Si je fais ce travail avec autant de passion et d’acharnement, c’est parce que j’ai été témoin de l’impact majeur que ça peut avoir dans la vie des gens. Il m’arrive quand même parfois de l’oublier… de douter. Jusqu’à ce qu’il arrive un autre événement complètement irréel qui vient me glacer le sang et me rappeler l’importance de ce que je fais. Par exemple, un enfant qui recommence à marcher et à parler… qui retrouve le goût de vivre. »
6) Tu dis qu’il t’est arrivé d’oublier, de douter… Le doute fait partie de l’humain. Je crois que c’est inné, de se remettre en question, même lorsqu’on fait le plus beau des métiers. Tu as déjà douté de tes interventions? T’es-tu déjà dit «Et si cette fois, j’y arrivais pas?» ?
« Souvent. Ma job est d’entrer en contact avec les gens. Pis les relations humaines, c’est toujours imparfait. Il est donc inévitable que des interventions ne fonctionneront pas. Mais c’est pas grave. Quand j’échoue à faire du bien à quelqu’un, ça ne veut pas dire que je lui ai fait du mal. Ça veut juste dire que j’ai eu très peu ou pas d’impact positif. Essayer d’aider quelqu’un au meilleur de ses capacités, même si on échoue… ça reste, à mon avis, très très cool! »
7) Faire rire, c’est tout un travail. Ça peut être exigeant mentalement. À la fin de la journée, quand le personnage de clown débarque et que tu remets tes chaussures de Guillaume Vermette, est-ce qu’une certaine pression s’estompe?
« Au contraire, j’en reviens avec le bonheur pis l’énergie dans l’tapis. Je ne pense pas que mon travail est de faire rire, mais plutôt d’entrer en contact avec les gens. Être drôle, c’est la job d’un humoriste. N’empêche, il existe une pression d’être drôle, qui vient des préjugés et de l’incompréhension du métier de clown. Mais ça fait 15 ans que je suis clown… J’en suis au point où j’m’en fous pas mal de ce que les gens pensent ou attendent de moi. Si je fais ça, c’est parce que j’aime ça et j’y crois, tout simplement. Ironiquement, je vis plus de pression à être Guillaume Vermette qu’à être clown. Chaque chose que je fais et chaque mot que je dis en public peut se retourner contre moi. Certaines personnes s’attendent à ce que je sois un ange ou un espèce de missionnaire… alors que je suis un dude ben normal et un tout croche comme tout le monde! Haha! »
8) J’ai été préposée aux bénéficiaires en CHSLD par le passé. Je me souviens à quel point je me trouvais privilégiée d’être près des personnes âgées. Elles ont tellement de vécu à partager. Si j’essaie de me mettre à ta place un instant, avoir la chance d’entrer dans leur quotidien avec la seule intention de les faire rire et changer le mal de place, ça doit être enrichissant! Avec le temps et la pandémie qui nous touche tous présentement, qu’as-tu appris en côtoyant ces résidents ?
« Qu’il y a encore plus d’âgisme au Québec que je pensais; de discrimination et d’infantilisation envers les personnes âgées. C’est ironique que ça vienne d’un clown, parce que les gens pensent souvent que les clowns sont pour les enfants. Pourtant, je suis l’un des rares à ne pas changer ma voix lorsque je parle à une personne âgée… À les accueillir pour ce qu’ils sont vraiment, ici et maintenant, sans aucun jugement et sans les diminuer. »
9) Toujours en lien avec tes visites en CHSLD, ces dernières semaines, y a-t-il un moment précis qui t’as marqué, où tu as eu le sentiment du devoir accomplis ?
« J’essaye de déconstruire cette relation de « devoir accompli » dans mon travail. Je pense que c’est un ennemi des métiers humanitaires et de relation d’aide, ainsi qu’un réflexe d’occidental vivant dans une société capitaliste où tout doit absolument est être quantifié et avoir des résultats précis. J’ai le sentiment du devoir accompli, simplement parce que je suis heureux, à essayer de rendre des gens heureux. Chaque jour en CHSLD est une collection d’anecdotes, de petites victoires, de moments et de rencontres incroyables. Ma vie est fucking nice. Haha! »
10) La dernière question et non la moindre… Guillaume, à tes yeux, quelle est la recette du bonheur?
« Faut demander à un gourou. Haha! Probablement qu’il y a autant de recettes du bonheur qu’il y a d’humains sur terre. La mienne est simple : y’a rien qui rend plus heureux que de rendre les autres heureux. »